Cinq ans plus tard, un résumé.

J’ai été étonné de constater que ce blogue est parfois encore consulté ou cité dans la blogosphère. L’ami Bigdji m’a notamment signalé un commentaire sur le blogue de Sorcière Frugale et m’a suggéré de faire une mise à jour. Pas facile de résumer cinq ans en un article. Ma plume n’est plus très aiguisée. Par où commencer?

Acte I: des rendements positifs

J’ai toujours été transparent sur mes finances. Ça aide d’être resté relativement anonyme. Rappelons que l’indice SP500 tournait autour de 2475 lorsque j’ai quitté mon travail et qu’il est aujourd’hui à 3825, soit un gain de 54% malgré le récente baisse boursière et sans compter les dividendes. La bourse a donc généré des rendements autour de 10% composé, ce qui évidemment a rendu les choses faciles. Mon taux de retrait visé, alors autour de 3.5% (le montant de mes dépenses annuelles que je dois retirer de mon portefeuille) a donc diminué peu à peu et ce, même si j’ai augmenté mes dépenses plus rapidement que l’inflation (plus de détails ci-bas).

Dans un tel contexte, pas besoin d’être un guru de la finance pour réussir sa retraite anticipée. Et même si j’ai fait certains mauvais placements, même si je n’étais pas investi à 100% en Bourse (conservant une bonne part d’argent liquide et des obligations) et même si j’ai parfois tenté de « timer » le marché (parfois avec succès, d’autres fois échouant lamentablement), une surprise positive est venue améliorer mon portrait boursier de façon notable: un placement dans une entreprise privée fait il y a une dizaine d’année et dont je n’avais aucun moyen d’évaluer la valeur précise. Or, cette entreprise est entrée en Bourse entre temps à un prix environ dix fois supérieurs à ce que j’avais estimé au moment de ma retraite, générant du coup un gain imprévu important (dans les six chiffres).

En résumé la vie a été bonne pour moi côté rendements. Je n’ai rien fait d’intelligent et mon argent a travaillé pour moi. Les choses peuvent empirer en 2023, mais j’ai somme toute pris ma retraite à un bon moment dans le cycle boursier (ce que je ne pouvais évidemment pas prévoir) et j’ai été très chanceux sur certains placements, ce qui est venu plus que contre-balancer certains choix douteux.

Acte II: FAT(ter) FIRE!

Il existe des tas de variations sur le thème de FIRE (Coast Fire, FAT FIRE, Lean FIRE, Barista FIRE). Je ne sais pas trop où je me situe, un mélange de FAT et de Barista je pense. Je vise être un Barista Bien Gras ™!

En pratique? Je reste quelqu’un qui aime fondamentalement les projets. J’aime bâtir quelque chose. Une vie 100% faite de loisirs ne me convient pas vraiment. Pour moi le travail est un projet. Atteindre FIRE est un projet. Partir une entreprise est un projet. Acheter et retaper un chalet est un projet. Construire une serre et augmenter son autonomie alimentaire est un projet. Changer de style de vie en voyageant quelques mois par année est un projet.

Avant de partir je me doutais bien que je voudrais réaliser des projets, et la plupart nécessitent des investissements. Par ailleurs, maintenir une retraite anticipée qui tient à un fil, qui exige d’avoir un budget serré, un mode de vie très frugal et de vérifier constamment ses chiffres n’était pas exactement ma vision d’une retraite rêvée.

Donc dès juillet 2017 je suis partie à la recherche de revenus supplémentaires et j’ai essayé plusieurs choses, avant de partir en voyage pour six mois. Ce qui a fonctionné et est resté au retour du voyage, c’est de prendre de petits contrats, généralement de quelques mois à la fois, à raison de 10 ou 20 heures par semaine, surtout l’hiver, entre-coupés de longues périodes libres. L’été je vais jouer dehors. Pendant la pandémie, j’ai augmenté le nombre d’heures. Tant qu’à être confiné, autant penser à autre chose et piler du fric.

Ce rythme me convient à merveille. Quand je termine un projet je suis heureux de mettre ça derrière moi. Quand je débute un nouveau projet, je suis motivé à l’idée de démarrer quelque chose de nouveau et parfois de connaître un nouveau client, une nouvelle entreprise et de nouveaux collaborateurs.

J’ai vite réalisé que je pouvais augmenter mon taux horaire. Pénurie de personnel, pandémie, secteur en demande… une belle combinaison profitable pour moi. Pas beaucoup d’heures travaillées, donc, et une retraite avec plus de gravy. Chaque heure travaillée c’est un bonus. Chaque dépense exceptionnelle, j’essaie de la financer avec des heures travaillées.

Acte III: des projets et plus de dépenses!

Parmi mes projets, il y avait de revenir habiter plus proche du centre-ville. Ma conjointe et moi on aime la campagne, la forêt, la ville, mais pas la banlieue. De plus mes parents et mon frère habitent dans le même quartier où nous sommes éventuellement déménagés. Mais ça vient avec un coût additionnel. Maison plus chère (achetée en pleine pandémie!), plus de taxes, plus de frais (car plus vieille). Mais nous sommes bien contents de notre choix, même si la première année nous n’avons pas beaucoup pu profiter des commerces de proximité!

Et tant qu’à dépenser et avoir des projets, j’ai aussi acheté une petite résidence secondaire sur une terre à bois qui donne sur un lac à une heure et demi de chez-moi, achat réalisé avec mon frère. Un autre projet dont je suis extrêmement content. Nous allons y passer quelques jours plusieurs fois par mois. Travailler dans le bois me plaît beaucoup. Nous avons je crois fait une très bonne affaire et le tout n’a pas été très coûteux à l’achat, même si ça signifie payer d’autres taxes, plus d’électricité et d’entretien.

Ah et nous avons aussi adopté un compagnon moustachu. C’est doux, c’est beau, ça ronronne et ça nous fait rire (et parfois ça nous exaspère et nous empêche de dormir).

Tout ces projets ont un coût, et ont été ou sont financés par mes revenus de travail. On pourrait dire que la première année a servi à financer notre voyage, que les trois années suivantes à couvrir les frais supplémentaires de la nouvelle maison, et depuis six mois je finance la propriété secondaire et il me reste probablement un an pour compléter le « financement » de cette acquisition pour couvrir les frais récurrents avec du capital investi.

Acte final: l’imposteur est dans la salle!

J’ai quitté ma job avec 660,000$ de portefeuille net d’hypothèque. Aujourd’hui je suis un peu gêné de dire que mon portefeuille atteint plus du double, même une fois soustrait l’hypothèque qu’il me reste à payer sur la maison.

La communauté FIRE est variée, mais personnellement, j’ai beaucoup parlé de frugalité car c’est ainsi que j’ai atteint l’indépendance. Pas d’immobilier, pas de salaires faramineux (bien que très bon et privilégié), pas de recette spéciale. Juste de l’épargne, un contrôle serré des dépenses et de l’investissement, le tout assez longtemps pour atteindre les bons chiffres.

Mais pour moi, la frugalité n’est pas une idéologie, mais seulement un moyen d’atteindre mon objectif de l’époque. Comme vous l’avez vu dans cet article, je me suis un peu éloigné de ça, même si mes réflexes d’avant demeurent.

Et je continue de penser que de traverser une période assez prolongée de frugalité relative est nécessaire pour prendre une retraite à 40 ans à moins d’avoir accès à des sources financières hors du commun.

Je ne me voyais pas continuer à faire comme Mr Mustache et d’autres et continuer à vanter la frugalité tout en étant en pratique millionnaire (même si aujourd’hui ça ne signifie pas grand chose). Je me serais senti un peu comme Couillard ou François Lambert qui disent au monde comment faire une épicerie bon marché. Conjugué au fait que je n’ai plus grand chose à dire et que d’autres le font beaucoup mieux que moi, ça explique un peu que je me sois éloigné de la communauté. Je continue à me promener ici et là, ceci dit, et à lire plusieurs des blogues qui restent, ainsi qu’à sévir parfois sur le forum Liberté Financière même si c’est tranquille pas mal. Au plaisir de vous y voir!

4 réflexions sur « Cinq ans plus tard, un résumé. »

  1. Mr Jack,

    J’ai eu toute une surprise en voyant un nouvel article ici depuis tant d’années!

    J’ai l’impression d’avoir des nouvelles d’un vieil ami même si dans les faits on ne se connaît pas. Ce blog, celui du jeune retraité et du blogueur masqué ont marqué mes débuts vers ma démarche d’indépendance financière. À votre façon vous m’avez tous inspiré et je garde le cap depuis 2017. Étant frugal de nature, je ne partais pas de zéro, mais cette possibilité de liberté totale précoce avec une recette pas si compliquée m’avait frappée de plein fouet en apprenant comment y arriver ici notamment.

    J’ai vraiment apprécié cette mise à jour. Une suggestion qui me vient entête, écrire un article comme celui-ci une fois par an pourrait être intéressant si le blogue demeure toujours en ligne. Je me souviens avoir relu plusieurs articles par nostalgie pendant la pandémie, je me disais que c’était vraiment intéressant sans savoir si la vie après 99 jours et Inficafé se déroulait comme prévue.

    Salutations

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    1. Bonjour Frank, merci d’être passé et bien heureux de savoir que j’ai pu contribuer à inspirer certaines personnes dans ce grand voyage qu’est la liberté financière! Je prends bonne note de la suggestion. Ces jours-ci il me revient l’envie de ré-aiguiser mes crayons, qui sait!

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  2. Mr Jack,

    Tu n’as rien perdu de ta plume et ce fut un plaisir d’avoir de tes nouvelles. J’étais un lecteur assidu de ton blogue et par un hasard de circonstances j’ai vu ton message sur le site de sorcière frugale qui m’a ramené sur ton site.

    Espérant pouvoir te relire à nouveau. Je suis prêt à te fournir crayons et aiguisoir.

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  3. Wow Jack! Je suis tombé sur cet article par hasard. Ça fait vraiment plaisir de connaître la suite de ton histoire. Tu n’es certainement pas un imposteur. Tu es quelqu’un qui ne suit pas les chemins conventionnels (le mouvement FIRE commence à l’être). Tu as défini ton parcours et c’est très bien comme ça. Aussi, bravo pour l’augmentation de ton avoir et tous les projets réalisés. Si jamais tu te remets à l’écriture, stp fais-moi signe, je ne veux pas manquer ça!

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